La réponse paraîtra peut-être évidente à certains. Elle ne l’est pas toujours comme en témoigne l’émission de France Culture Science publique qui a posé la question au travers d’interventions de Maurice Benayoun et David Guez en particulier.
En effet, la création numérique est souvent mal connue et mal reconnue, en France en particulier, peut-être pour des raisons générationnelles, ou parce qu’on l’assimile seulement à l’utilisation d’une technique, ou tout simplement parce qu’elle nécessite de renouveler les cadres traditionnels de l’analyse d’une œuvre d’art. A condition d’accepter d’abandonner les a priori, il faut bien constater que bien au delà de la simple numérisation des activités existantes auparavant, les artistes du numérique mènent une réflexion souvent pertinente sur l’utilisation de ces technologies.
Que ce soit sur la nature de l’image numérique, sur la relation à l’espace et au temps, sur la structure du réseau et sur la place qu’y occupent le corps et la sensorialité, mais aussi sur les concepts d’auteur, d’œuvre, de receveur, ainsi que sur leurs relations, tout comme sur les changements apportés à la communication, cet art a beaucoup à nous dire.
Parce qu’ils s’adressent au sensible, les artistes du numérique ont la capacité de porter à la perception de chacun les modifications des relations au monde apportées par les TIC.
Ils jouent en quelque sorte un rôle de médiateur ou un rôle de vigie (comme le pensait d’ailleurs Mac Luhan). Une visite à la galerie Numeriscausa qui expose à partir d’aujourd’hui à Paris quelques oeuvres représentatives pourrait bien convaincre ou tout au moins questionner les sceptiques.
Assez d’accord sur le fait que ce n’est qu’une question de reconnaissance ici. Ailleurs le travail se fait. Pour preuve, le travail du Laboratoire NT2 à Montréal qui entend promouvoir l’étude, la lecture, la création et l’archivage de nouvelles formes de textes et d’œuvres hypermédiatiques. http://www.labo-nt2.uqam.ca/
et leur observatoire et Répertoire des arts et littératures hypermédiatiques( http://www.labo-nt2.uqam.ca/observatoire/repertoire )
Bon d’accord c’est un peu pub perso, parce que j’ai l’honneur de faire partie de leur petite sélection mais c’est vraiment un bel exemple de répertoire dans ce domaine.
En même temps, il y a de sacrés communautés chez nous, hors institutions, qui se posent ces questions, telle celle autour du
Copyleft ( http://artlibre.org/)
La particularité souvent de tout cela, c’est justement de s’adresser au réseau via le réseau et les moyens de diffusion habituels de l’art s’y perdent (la question du commerce pour eux est fondamental (et problématique !) autour de l’art numérique).. Voir une galerie tenter de se raccrocher en diffusant de l’art numérique, c’est toujours intéressant mais les oeuvres a voir me paraissent déjà diffusées sur Internet, le reste répondant justement souvent à : « Comment je pourrais vendre de l’art numérique ? » via installations, tirage photo, vidéos…
En fait, c’est un peu comme pour la musique : de nouvelles voies, de nouveaux supports, une dématérialisation et de grosses questions sur comment continuer à vivre en vendant de l’immatériel…
Ce commentaire a été repris sur le blog de l’agence groupeReflect-Emakina Group (lieu initial sur lequel j’ai publié ce billet)
Je comprends que la question soit posée mais pour moi c’est un peu comme demander si une oeuvre d’art réalisée en plastique reste de l’art ou s’il faut obligatoirement utiliser un matériau dûment référencé comme étant « art ready » ^^
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Comme le note Jean-Noël, les questions de l’archivage, de la diffusion et de la monstration en général sont totalement reformulées par le numérique. Il n’y a pas de réponse évidente ni de réponse unique. Il en est de même pour les réponses à la question « qu’est-ce-que j’achète lorsque j’achète une œuvre numérique ? ». De tout cela, comme du copyleft d’ailleurs, je serai amenée à reparler dans de prochains billets. Merci pour les références dont je suis toujours friande.
Pour répondre à Bruno, je précise que je partage son avis, sans cependant négliger les questions qui se posent quant à ce qui fait
œuvre dans le numérique. Le titre du billet faisait écho au questionnement développé dans l’émission science publique citée en
référence (Un art numérique est-il en train de naître ?), et dont je viens de retrouver le lien permettant une écoute en ligne ou le podcast :
http://www.lemondedublog.com/2007/01/france-culture-et-lart-numerique-podcast-et-blog.php
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Ce qui m’intéresse dans la question, c’est pas le « y’a-t-il », on est d’accord, l’outil importe peu, c’est ce que l’on a a dire qui compte… c’est surtout que, pour une fois, le monde de l’art parait aussi perdu que les « autres » mondes dans l’évolution vers la dématérialisation de nos sociétés.
Je m’amusais sur un autre billet ici a mélanger Musique, Van Gogh et marchand de soupe, y’avait de ça pourtant. Aujourd’hui le besoin de s’exprimer doit en plus faire vivre l’artiste (le soit-disant?) et il doit du coup être en phase avec la société qui le fait vivre (marrant on croirait parler des bloggeurs qui veulent absolument vivre de leurs blogs…). Dès que sa structure sociale change, il se retrouve comme n’importe quel marchand de soupe ou vendeur de disque, à chercher à se raccrocher aux moyens traditionnels (expos, galeries…) alors que la société, elle, attend des réponses… Etonnant de voir par exemple les premiers artistes sur le reseau vendre un fichier numérique comme ils vendraient une toile, sur un principe de tentative désespérée de « rematérialiser » l’immatériel.
Pour cela que je met en avant les Copyleft car eux me paraissent réflechir en amont sur l’Art, l’oeuvre et sa diffusion et, du coup,
sont ultra en phase avec ce média qu’est le réseau, maintenant ce n’est évidemment qu’un exemple parmi d’autres et heureusement…
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