Il suffit parfois d’introduire à bon escient une perturbation, un « bruit », dans un schéma de communication bien rodé, et le message transformé acquiert une force nouvelle.
Lorsque qu’en 1919 Duchamp provoque en ajoutant barbe et moustaches à la Joconde, travail qu’il nomme L.H.O.O.Q. , il questionne la notion de chef d’œuvre et sa fragilité avec d’autant de force qu’il s’appuie sur un objet connu et reconnu, devenu icône.
Une requête LHOOQ sur Google donne le résultat ci-dessous :
La fiche signalétique (le « knowledge graph ») de l’œuvre de Duchamp apparaît et, à bien y regarder, elle comporte une curiosité ; un détournement du détournement, en mise en abyme, un caviardage par Albertine Meunier qui questionne par là-même le statut et la fiabilité du géant Google.
Si le travail de Duchamp date de la période Dada, les moustaches posées par Albertine sont ici les mots Net.art et Datadada qui s’invitent là où il n’auraient pas dû être. Il a suffi simplement d’accéder à freebase.com pour modifier le graph qui apparaît lors de la recherche ; une sorte de hacking light (qui vient juste d’être corrigé aujourd’hui 22/12 après plusieurs jours). Une démarche qui s’inscrit dans celle du mouvement Net.art jusque là peu connu Datadada et qui questionne la toute puissance de Google et qui pourrait nous dire comme le disait Duchamp : « Ne vous laissez pas hypnotiser par le sourire d’hier, inventez plutôt ceux de demain ! ».