S’il vous arrive de guider, animer, « leader » (le débat sur le terme adéquat, c’est pour une autre fois) un atelier de recherche ou de conception, sans doute avez-vous des réponses plus ou moins affutées à ces questions qui vous sont parfois posées : « pourquoi on fait ça comme ça ? », « pourquoi on fait pas ça ? », « ohlala pourquoi il faut dessiner ? », …». Je préfère personnellement les « comment » aux « pourquoi », mais il faut bien répondre.
Voici donc 10 principes (Ah la magie des 10 doigts des mains ! ) tirés de l’expérience et confirmés par la « littérature » sur le sujet. Des principes connus mais il paraît que la répétition est la meilleure des rhétoriques (Bonaparte), alors ne nous privons pas :
1. ÉNONCER PRÉCISÉMENT L’OBJECTIF ET LES ATTENDUS DE L’ATELIER
Parce que, et c’est évident, tout dépend de l’objectif recherché : Empathy map, UX story, grille de priorisation, … La ou les questions posées vont nécessairement orienter la réflexion. Des buts et des consignes flous sont autant de facteurs de dispersion et d’échec (Quand c’est flou,…y’a un loup !
2. BRISER LA GLACE
Parce que même si tout le monde se connaît, et ce n’est pas toujours vrai, des positionnements personnels, des inimitiés, les contraintes de la prise d’initiative et de parole, la timidité, sont des freins potentiels à l’expression personnelle. Il existe de nombreux jeux brise-glace.
– 2bis – Café-croissants
Parce qu’en plus de contribuer à briser la glace, ce modeste don peut appeler un contre-don qui serait un investissement accru dans l’atelier à venir ou dans le prochain… et si ce n’est pas possible avant, ça l’est peut-être après…
3. OUBLIER LES HIÉRARCHIES
Parce qu’il n’y a pas de vérité que verticale dans un atelier de recherche. Le N+x assis au « sommet » de la table peut avoir un effet pétrificateur ; et depuis Rabelais au moins, nous savons comment tous les membres du troupeau courent toujours dans le même sens (merci Panurge ! ), le contraire de ce que l’on attend ! La hiérarchie reviendra légitimement au moment adéquat.
4. ÉCRIRE PLUTÔT QUE PARLER
Parce que nous connaissons l’importance de l’ordre des prises de parole dans une dynamique de groupe. En appelant des réactions, principe même de l’interaction entre locuteurs, la première intervention risque d’orienter les réponses et de rétrécir le champ des possibles.
5. DESSINER PLUTÔT QU’ÉCRIRE
Parce que le même mot n’a pas forcément la même signification pour tous. D’où malentendus et quiproquos… D’accord, ça peut être moche, mais c’est plus proche d’un langage universel.
6. PLAIDER POUR LA QUANTITÉ
Parce que c’est peut-être dans les plis et les replis des propositions les plus anodines que se cachent des éléments décisifs. Rien de pire que l’autocensure a priori. La qualité, c’est pour plus tard.
7. ÉCOUTER TOUT LE MONDE
Parce qu’ignorer des participants, c’est les renvoyer à la passivité et se priver de leur activité et de leur créativité… ou même s’en faire des ennemis.
8. IMPLIQUER TOUS LES ACTEURS DU PROJET
Parce qu’il est toujours douloureux de s’entendre dire à la fin de l’atelier : « C’était super ! Dommage que Richard ne soit pas là, je ne sais pas s’il sera d’accord»… Où l’on soupçonne trop tard que sans Richard, il ne se passera pas grand-chose.
9. DÉPLIER LES IDÉES ET LES PROPOSITIONS
Parce qu’une idée ne révèlera peut-être tout son potentiel qu’en la dépliant. Ne pas oublier de solliciter ce dépliage par le « et… », ou le « et donc… ».
10. ADMETTRE SES LACUNES
Parce qu’apparaître comme un sachant infaillible finit par saper la crédibilité et stérilise l’initiative alors qu’avouer ( ≠ étaler) ses limites souligne l’authenticité de la réflexion et peut décomplexer l’expression des autres.
Voilà !
Sans doute avez-vous vos propres réponses aux questions de méthodes que vous rencontrez, et sans doute pourriez-vous ajouter d’autres principes, mais puisque depuis quelques années les démarches se veulent de plus en plus centrées utilisateur et plus ou moins teintées par le Design Thinking (même si l’on est encore souvent assez loin de l’optimum), il faut profiter de toutes les opportunités d’impliquer l’utilisateur de façon efficace alors que le temps nous est souvent compté. Eviter les erreurs qui peuvent neutraliser un atelier est donc un objectif en lui-même.